jeudi 8 mai 2014

Chine: Langmusi-Lanzhou

Nous arrivons sur une grande place dallée en pierre devant l'un des multiples temples tibétain, il y règne une atmosphère grouillante, vivante. Un grand nombre de moines pratiquent des joutes de rhétorique en claquant fort des mains dans un geste ample pour appuyer leurs argumentations. Nous visitons l'une des deux lamaserie de Lagmusi. Discrètement et un peu gênés par le nombre de moines, nous observons ces pratiques inconnues pour nous. De plus, ils sont sous la surveillance de deux Lamas vêtus d' impressionnantes capes à épaulettes et porte de puissant bonnets ce qui nous rend carrément timide. 

Les moines de Langmusi pratiquant les joutes de rhétorique


Temple tibétain de Langmusi


La météo peu favorable nous ferra passer 3 nuits dans ce village, ce qui nous permettra plusieurs visites de ces lieux Bouddhistes. On suit l'évolution d'un grand mandala en sable coloré créé avec minutie par les moines, on observe la population pratiquant des tours de monastère à pied en récitant des mantras sans jamais oublier de faire tourner les longues alignées de moulins à prière (Mani). Le décor ainsi que la vie du village nous enchante.

Notre route s'apparente au Far-West chinois, on traverse de gigantesques étendues de pâturage qui sont broutés par des millions de yacks et de moutons. Le froid n'a pas encore permit de faire verdire la toile de fond qui est tantôt jaune-brune ou blanche-neige. Les collines et les montagnes ont été arrondies par les éléments, cela donne au paysage un effet harmonieux, souple, léger et doux. Nous yeux en prennent plein la vue. 
Malgré l'interdiction de faire du camping sauvage, c'est un jeux d'enfant de planter notre tente tant les espaces sont grands sur ces hauts plateaux. Il n'est pas rare qu'un gardien(ne) de troupeau vienne s'asseoir un moment à nos cotés, femme, homme ou adolescent que l'envie de nous observer attirent à notre campement. Nos échanges sont simples, on se regarde, on se sourit, on pousse un semblant de conversation en mimant ce qu'on essaye d'exprimer. Ces visites sont toujours bienveillantes, nous apprécions leurs mode de vie simple, de leur coté, ils nous font souvent un signe du pouce, ce qui est positif, on se régale bien.

Far-West chinois et ses douces courbes


Femmes en habit traditionnel tibétain

Alors que nous  filtrons de l'eau dans un village, un homme parlant quelques mots d'anglais nous explique qu'il y a une course de chevaux près d'ici. Montagnes en arrière plan, plate prairie comme stade de course, pas de tribune pourtant cette évènement attire un grand nombre de spectateurs tous vêtus de leurs habits traditionnels. Avant le départ, on tire de nombreux pétards pour acclamer chevaux et coureurs. La piste est délimitée par des cordes et des drapeaux, les chevaux sont  montés à cru. 2 tours de prairie et les vainqueurs sont acclamés par la foule qui donne des foulards de soie au cavaliers et glisse des billets d'argent au licol de l'animal. Ce fut un pur moment d'assister à cet évènement, le décor, la course, les gens tellement authentique dans leur culture.

Course de chevaux à cru 


Nos vélos parmi les spectateurs


Encore sur le champs de course


Le lendemain, nous arrivons à Xiahe ou l'on s'arrête 2 jours pour visiter le plus grand monastère tibétain hors des frontière du Tibet. L'endroit ressemble à une petite ville avec les multiples quartiers d'habitation des moines, les nombreux temples, les ateliers, les cuisines ainsi que les épiceries. De nombreux croyants viennent en ces lieux, ils tournent autour de l'énorme enceinte du monastère qui est équipé de kilomètre de moulin à prière (Mani). Certains passent de longues heures à faire des prosternations devant les lieux saints, tant de dévotion nous trouble un peu. 


Monastère de Xiahe, les croyants tournant les moulins Mani
Depuis Xiahe, nous empreintons une route plus petite, les villages rencontrés sont d'autant plus authentiques, nous évoluons toujours à "Yacks Land". La météo sera changeante, elle passera du soleil à la pluie, de la grêle à la neige et quelques coups de tonnerre.
Depuis que nous sommes en Chine, mon estomac (celui de Jean-Da) n'est pas en pleine forme, il lui arrive régulièrement de rendre les repas froids (pic-nique). Depuis mon régime sans pain, il va mieux, mais je sais pas trop quoi manger si  ce n'est un bol de flocons d'avoine ou des oeufs, le reste me donne des nausées. Heureusement, tous les repas chaud passent très bien. 

"Yacks Land" sous la neige

En fin d'après-midi, on croise en sens inverse de notre route deux cyclos-voyageurs, c'est Mélanie et Sebastien d'Allemagne qui traverse la Chine. Ni une ni deux, on décide de camper ensemble, le vent nous forcera à installer nos tentes à l'abri de gros murs de terre sèche. On passe toujours d'agréables soirées en compagnie d'autres voyageurs. 

Notre route redescend à 2500 mètres dans une vallée encaissée complètement défigurée par la construction d'une autoroute. De nombreux tunnels sont percés et des dizaines de kilomètres de viaducs sont mis sur pied. Plus on descend dans la vallée et plus ont se rend compte que c'est le printemps, les arbres sont en feuilles et le blé a poussé de plus de 20 cm.
On remontra un dernier col a 3600 mètres et quittons définitivement les hauts plateaux pour rouler en direction de Lanzhou qu'on atteint le 26 avril.

On quitte gentillement les hauteurs


La Chine est le 15 ème pays que l'on visite à vélo, tous les jours nous découvrons un troncons de route, des paysages, des cultures, des traditions, des architectures, des gens nouveaux. Il faut souligner que notre longue balade nous fait également voyager au coeur de nous-meme. Lorsque nous roulons, nous sommes quotidiennement en scelle pendant 5 à 6 heures, la communication d'un vélo à l'autre n'est pas aisée, nous évoluons en général l'un deriere l'autre. Cela veut dire que chaque jour nous sommes "seul" avec nous-meme pendant ces quelques heures, lorsque les paysages ne nous captive pas, on plonge au fond de soi, dans ces pensées et rêves.
Cela fait bientôt 2 ans que je pratique du velo-réflexif ou mon esprit se perche à une idée, tourne autour, la développe et passe à autre chose. Il va ou il veut, je lui laisse libre cour. Ainsi, j'ai pu longuement re-visiter mon enfance, le temps des jeux collectifs dans le quartier, l'école et les nombreux copains, la gym, faire pousser des plantes sur le balcon. Durant l'adolescence ou le mot d'ordre était les copains d'abord, on a beaucoup festoyer et l'on se découvre soi-meme, gentillement, on se cherche, la transformation du corps, les relations amoureuses. Mon parcours professionnel y passe aussi, des formations à mes divers emplois. Les gens que j'aime, les amis de rando avec qui j'ai passe beaucoup de temps dans la nature sur la prairie ou dans la neige fraîche. Il y a egalement des pensées plus délicates, comme les connaissances ou famille disparues, les amitiés ou les amours qui se brisent, les mensonges, les trahisons, les pressions.
Tout ces instant avec moi-meme sont vraiment riches, ils  m'ont permis de me sentir un peu plus proche de moi et de grandir encore un peu.
Depuis la Chine, mon esprit ne cesse de se poser des questions sur les pressions de notre société de consommation. Depuis que nous avons quitté l'Europe, la Chine est le premier pays vraiment développé qu'on traverse, ici dans les villes, les gens consomment comme chez nous. Mes observations de ce pays me font un puissant effet miroir sur notre société qui nous berce dans l'illusion de la grande machine capitaliste ou consommer est l'une des ultimes récompense et réconfort de la vie. Ces rouages nous ont créés des besoins artificiels et superficiels. Travailler beaucoup pour être propriétaire d'une belle voiture, d'une habitation qui épatera la galerie et bien entendu, avoir une image et un look dans le vent. La course pour cette réussite commence des notre enfance par une scolarisation qui nous apprend beaucoup, mais qui sert surtout à devenir de bons travailleurs. Une fois adultes, le monde professionnel se base essentiellement sur la productivité et l'efficacité. Gagner plus pour dépenser plus, voila la pierre angulaire de cette foutue machine. L'humain a-t-il une importance dans ces engrenages?
Et pourtant, depuis notre entrée en Slovenie et cela jusqu'au Népal, nous avons côtoyé des pays moins développé, ou les gens ont certes moins de pouvoir d'achat mais qui jouissent, à mon sens, d'une plus grande qualité de vie. Prendre du temps, avoir du temps à disposition pour s'occuper des ses besoins et des personnes de son entourage ou des gens de passage comme nous.
Devenu un peu nomade à velo, je me suis familiarisé avec nos besoins. Ils sont simples et primaires, se nourrir, avoir un toit ou une toile de tente pour s'isoler des intempéries et avoir des relations aux autres. Mon esprit se questionne, pourquoi n'accordons-nous pas plus de temps pour combler nous-meme l'un des ses besoins?
Dans mes rêveries, je construis une cabane en bois ou en terre crue, je puiserais l'eau directement de la rivière pour arroser les légumes et le blé que je partagerais avec mes amis autour d'une grande table.

Mais revenons a la ville de Lanzhou ou je me tire un balle dans le pied avec mes jolies pensées idylliques sur la consommation et sa machine de guerre puisque notre arrêt dans cette ville n'a qu'un objectif, acheter, oui-oui, vous lisez bien, acheter un ordinateur portable. Nous essuyons de gros soucis de communication dans ce pays ou sans carte d'identité chinoise les internets café nous refusent l'accès à un poste. Je le répète juste pour déculpabiliser notre futur achat. Tiens, voila bien un besoin que j'avais oublié!!!
Lanzhou, 3,5 millions d'habitants, ou allons-nous acheter un ordinateur? Comme souvent, on tombe sur des bonnes étoiles qui nous guident lorsque l'on perd le nord. Un premier étudiant nous mettra dans le bus numéros 1 pour se rendre dans le quartier de l'Université ou il y aurait des mega magasins d'informatique?!! Dans le dit quartier, on fait la connaissance de Sarah, étudiante canadienne de l'Université de Lanzhou. Elle passera 2 coups de téléphoné pour que Muyassar et Gary, deux étudiants chinois se lient à notre cause en coachant notre achat. Ces 3 jeunes personnes nous consacrerons 2 journées, la première nous permettra de choisir le modèle adéquat parmi des millier d'autres. La deuxième servira à installé un windows en anglais sur un ordinateur préprogrammé en chinois, pas facile. Merci beaucoup à vous 3, pour vos conseils judicieux en informatique, pour les échanges sur nos cultures, pour la visite clandestine de l'Université, pour les bonnes glace vanille-chocolat, vous avez été top avec nous!!! Nous rentrons dans notre petite chambre dans le quartier de la grande mosquée avec sous le bras un ordinateur reprogrammé en anglais, bravo.

      

Votre mission si vous l'acceptez : ACHETER un ordinateur


Lanzhou, les monumentales roues a eau faissant jadis tourner les usines 

Partir en voyage c'est découvrir ailleurs, mais c'est aussi partir loin des siens. Avant notre départ et pendant le voyage, nous évoquons souvent le fait que nous ne sommes pas présents auprès de nos familles et des gens qu'on aime. Leo m' a dit à plusieurs reprises qu'elle ne supporterait pas l'idée d'apprendre la disparition de l'un des ses grands-parents pendant qu'on roule à tout azimut. Malheureusement, la chose tant redoutée par Leo a prit forme, sa grand-maman nous a quitté.
Nous restons 3 jours sur place, Leo est assommée, sa famille l'entoure à distance par le biais de mails et de coups de téléphone. L'idée de rentrer en Suisses a sûrement traversé son esprit, que faire? Nous avons appris la triste nouvelle quelque heures avant la cérémonie. Toute sa famille l'encourage à rester en Chine et continuer le voyage. Cela était egalement le souhait de sa grand-maman qui lui avait dit avant notre départ: "Si ils nous arrivent quelque chose, ne rentre pas ma cherie, continue...".
Le temps, tellement important, il sert à vivre mais également à penser les blessures, à apaiser les peines. Je souhaite à  Leo et à toute sa famille, un temps, un répits pour faire le deuil...

Salut GM, je t'aime



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