vendredi 25 octobre 2013

Inde: Padum-Kargil-Srinagar

On souhaite remercier tous les lecteurs de notre blog, les nombreux mails que vous nous adressez nous font toujours très plaisir. Par ces quelques lignes, on aimerait honoré Eddy (ami kitteur de Beauduc) qui à chaque message posté de notre par, nous renvois fidèlement un mail de sympathie commenté. Pour reprendre tes mots mon Ton-Ton, on te kiffe trop.  

Après 4 jours de repos à Padum ou manger et dormir seront nos activités principales, on se remet en scelle  le 22 septembre. C'est par un petit détour qu'on visitera le Monastère de Karsha agrippé au rocher de la montagne. Malheureusement, aujourd'hui les portes du temples resterons fermées pour cause de rituel mortuaire.

Monastère de Karcha

Porte close

Le col de Shingola n'étant plus notre porte de sortie de l'Himalaya, on rebrousse donc chemin pour sortir de la vallée du Zanskar. L'automne s'est installé, les récoltes finies, les villageois commencent le laboure des champs à l'aide de leur yacks.

Notre premier campement sera animé par la présence de Zhenya (Bielo-Russe) en moto qui plantera sa tente vers nous. Au matin il pleut, un peu plus haut il neige, nous sommes à 3900 mètres et nous avons pas grande idée des conditions climatiques de cette région. L'hésitation sera longue pour finalement, décider de rester sur place, sous tente, on passera une chouette journée à parler, jouer et grignoter avec notre ami motard.


L'automne dans l'Himlaya

Notre campement près de Pehy
Le lendemain la vallée est dégagée, elle offre des coups d'oeil merveilleux sur ces flancs. Tous les sommets sont saupoudrés de neige, plus bas la végétation arbore de splendides couleurs automnales sur fond de ciel bleu. Le "Mother Ship" sera notre abri pour la nuit suivante, profitant de son isolation thermique avant de grimper en haut du col Pensi La. C'est la seconde fois que nous sommes confrontés à cette énorme langue glacière, pourtant ce spectacle grandiose nous scotche littéralement. Au sommet du col, Leo recevra des abricots séchés et des biscuits de la part de moines accrochant des drapeaux de prières. Décidément, c'est le col des offrandes pour cyclos en manque de glucose.
Démesure himalayenne
Stuppa au au col de Pensi La

Depuis là, la vallée de la Suru nous tend ses bras, sa grande descente sur son chemin de pierre très peu confortable pour nos fesses, dos, tête et poignets me donne à réfléchir sur la motivation qui nous animait lors de l'aller. Maintenant que nous sommes sur le retour, je n'ai (Jean-Da) qu'une envie, atteindre le goudron pour pouvoir rouler sans me faire secouer dans tous les sens. Malgré la pente descendante, on avance pas plus de 10 a 12 kilomètre par heure, nous avons de la peine à parcourir plus de 50 km par jour.
La dernière matinée, on se laisse enfin glisser sur le bitume qui nous conduit à Kargil ou on passera 3 journées productives. En effet, Leo rédigera et postera 2 messages sur le blog pendant que je m'occupe du décrassage, du service et des réparations en tout genre des vélos. Ensemble, on formulera des mails de demande de soutien auprès de fournisseurs de matériel de cycle et de camping. Cela permettra de remplacer les objets usés et défectueux après 1 année et 4 mois d'utilisation intensive. Je ne parle pas des 6 pinces à linges empruntées à ma maman ou du couteau offert par mon papa, ni du sifflet à la Dodo, ils se portent bien.


Logeant la Suru, peu avant Rangdum

Les marécage près le village de Rangdum, cadeau de Pacha Mama

Le premier octobre, on quitte Kargil, il nous reste selon nos visa, 26 jours pour quitter le territoire indien. Notre itinéraire unique, vu l'hiver s'approchant, sera de passer par Srinagar et Jammu qui se trouve à l'extrême Ouest, près de la frontière Pakistanaise, alors que le Népal se trouve à l'Est. Ce détour représente, depuis Kargil, plus de 1400 Km jusqu'au passage de douane du pays convoité, le Népal. Le doute me gagne, va-t-on réussir à parcourir ce trajet en si peu de temps? De plus, nous sommes ici, au milieu des montagnes avec quelques cols encore à gravir. Le ministère des affaires étrangères considère cette partie du Kashmir comme sensible, est-ce vraiment judicieux de rouler dans cette région?

En sortant de la ville, on se fera enregistrer au check point militaire avant de remonter une vallée escarpée ou la géologie alterne des strates de roche à celles de boulet, de gravier, de sable et de molasse. Tous les terrains plats sont occupés par des baraquements de l'armée et d'énorme casernes se trouvent dans tous les hameaux. Impression bizarre, à croire que cette partie du Kashmir est sous occupation de l'armée indienne  qui ne cesse d'exhiber sa force de frappe en déplaçant d'impressionnant convois de camions.

Peu avant le col de Zoji La

Le deuxième jour, nous passons le col de Zoji La en laissant derrière nous un vallée peu végétalisée. Ayant passé le point culminant, on s'engouffre dans une gorge verticale qui débouche sur une grande parois ou notre route suspendue sera taillée à même la roche, cela nous donne le vertige. La vallée qu'on va maintenant descendre est totalement différente, ces versants sont richement plantés de forets de sapins et de pins, on pourrait se croire dans nos Alpes suisse. L'odeur de la résine de conifère me rend nostalgique, j'ai la sensation de rouler à la maison, à chaque virage j'ai l'impression qu'on va apercevoir le lac Léman. L'architecture des maisons change également puisque ici les habitations ont des toits en tôle ondulée à 2 pans et 4 pour les mosquées.

Notre route vertigineuse
Village de la vallée de Shid

Les élevages de chèvres qui font la fierté du Kashmir

Après une étape de plus de 100 km, on atteint la grande ville de Srinagar. Un peu perdu dans ces quartiers, je demande à un marchant si il y a des guest-house. Il en désigne 3 dans la rue mais il nous recommande d'aller près du lac pour bénéficier d'un tarif moins élevé. Suivant son plan griffonné et ces explication précises, on trouvera une chambre propre avec eau chaude au Sun Shine, tenu par de charmant propriétaires. Impression d'être à Venis, les canaux servant au riverain à se déplacer en barque. On trouvera ici un véritable sasse de tranquillité. Invités par la famille qui nous loge, à prendre le repas avec eux, elle nous ferons une place entre le grand-père et les enfants. Nous sommes assis sur un tapis, la pièce de 9 mètres carres compte 10 personnes. Ils mangent sans couvert, ainsi on s'essaye à se nourrir en utilisant nos doigts, quel régal. Généreux et fières de leur culture, ils prendront beaucoup de temps pour nous conter l'histoire de la région, les spécificités de leur mode de vie, ainsi que leurs spécialités. La maison est très simple, je me demande comment ils se chauffent en hiver, ne trouvant pas de poêle. Le grand-père sort et me donne un pot de terre cuite tresse d'osier et comportant une anse. Il explique que chaque membre de la famille en possède un, on y met du charbon et on le glisse sous le pancho en laine ou la couverture pour se réchauffer. Il nous montrera d'autres objets typique de leur vie quotidienne.


Kashmir vénitien

Ponton d'accès aux habitations

Boat House qui font la renommée de Srinagar
Demain c'est vendredi, on nous déconseille de nous rendre au centre ville, il arrive parfois que des manifestation ait lieu après la prière, certains revendiquent l'indépendance de leur territoire. On attendra donc un jour supplémentaire pour visiter Jama Masjide, la plus grande mosquée de la ville dont la toiture est soutenue par plus de 360 piliers de pin. On se promène ensuite dans les petites ruelles commerçantes du centre ou les riverains amusés de notre présence, nous saluent d'un grand sourire accompagné d'un "Salam Aleikoum" se qui signifie "que la paix soit sur toi".

Jama Majide. Découverte d'une architecture qui mélange les styles du moyen orient et de l'Est de l'Asie

Boutique ou l'on vent du charbon de bois

Les commerçants nous accueillent avec bienveillance et nous dévoilent leur art
On achètera du pain dans une boulangerie. La famille au complet se réunit autour du four pour nous voir, elle nous invite à prendre un thé. On passe une trappe et montons un escalier, installés sur le tapis du pièce sans mobilier, on nous sert le breuvage chaud accompagné de biscuits spécialement préparés pour la fête de l'Aid (naissance du Prophète Mohamed) qui aura lieu dans une dizaine de jour. Leo se verra coller dans les bras le nouveau né de la famille. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas vécu des moments spontanés ou les personnes veulent juste passer un peu de temps avec nous, sans aucune intention marchande ou commerciale, nous sommes sous le charme de cette ville et de ses habitants.
Srinagar sera un vrai coup de coeur pour nous. Nous y avons découvert une population sympathique et fière de sa culture qui ne manquent jamais d'expliquer et de commenter. Nous retrouvons ce respect musulman ou tous les regards posés sur nous sont accueillant et bienveillant. Ils s'accompagnent généralement de quelques mots ou de grandes discussions. C'est donc à regret qu'on quitte après 3 jours cette ville sans pour autant avoir acheté un tapis en laine ou un châle en laine de Pashmina qui sont des spécialités du Kashmir.

La récolte du blé


Dernier coup d'oeil vue sur les champs de blé de la vallée de Kashmir


Le 6 octobre on parcourt les 70 km de plaine à la sortie de Srinagar. Les paysans sont affairés dans leur champs à frapper les épis de blé pour en séparer le grain. La route est maintenant sous haute surveillance, tout les 200 ou 300 mètres deux soldats armés montent la garde. En fin d'après-midi, notre itinéraire quitte la plaine pour remonter dans les montagnes ou les grillages et les fils barbelés empêchent l'accès à la foret. Notre stratégie pour camper ce soir consiste à se coller à une maison, afin d'éviter d'éveiller les soupçons de l'armée en posant notre tente dans les bois. Malheureusement, sur notre tronçon il n'y a plus d'habitation, on se rend jusqu'au hameau indiqué sur notre carte pour découvrir que les maisons se trouvent 300 mètres plus haut et qu'il n'y pas de chemin carrossable qui y mène. Par contre, en bordure de route, se trouve un cantine et un garage, je m'approche du groupe de soldats en demandant si il est possible de camper en désignant un terrain herbeux. On fera quelque pas en sa direction lors qu'un villageois prononce plusieurs fois le mot "balou", ce qui veut dire ours. Habitant et forces de l'ordre échangent quelque paroles et nous désignent le toit plat du garage pour mettre notre tente. Ok, on commence à s'installer lorsqu'un autre militaire vient nous voir. Je me dis dans ma tété que le ennuis vont peut-être commencer? L'homme portant un turban sikh se présente en anglais, c'est le commandant Shadi, on échange quelques paroles, mais sont intention à notre égard semble bienveillante. Il nous expliquera que parfois des ours et des tigres (???) descendent jusqu'ici, il ne veut pas prendre le risque qu'il nous arrive quelque chose. Il s'arrangera donc pour nous loger sous la toiture de la cantine ou tard dans la nuit 5 travailleurs nous rejoindrons pour y dormir également. Le respect tout musulman fera qu'aucun de ces hommes ne braquera sa lampe sur nous ou nos affaires, au matin debout avant nous, ils passeront sans même nous jeter un regard.
Au matin, comme promis, le commandant vient partager une tasse de thé. Il nous glisse à l'oreille que si l'on rencontre un problème, nous avons qu'à le nommer. Il répétera plusieurs fois sont nom, en désignant sont turban du doigt en disant commandant. 

Durant la matinée notre route s'élève jusqu'à un tunnel qui est solidement gardé. Au check point de la police, on remplit les formulaires usuels, l'homme qui nous questionne butte un peu sur l'endroit de notre dernière nuit. Habillement je lui explique que hier soir et ce matin, nous avons bu le thé avec le commandant, ce qui écourte la discussion. Plus loin, c'est l'armée qui ne nous laisse pas pénétrer dans le tunnel. Un gradé nous explique que nous avons 5 minutes pour le traverser. Impossible sera notre réponse, pour effectuer 2,5 km de tunnel, il nous en faut 10. Trop long pour eux. On attends un moment avant d'obtenir le feu vert. Au milieu du boyau, il n'y a plus d'éclairage, dans le noir je ne vois pas ou je vais et tape l'une de ses bordures ce qui décroche une sacoche avant, pas malins tout cela.

Leo a des maux de dos, comme par magie, on trouvera dans un village au milieu de rien un hôtel cela lui permettra de se coucher et se reposer. Plus bas, un temple Hindou disperse des chants répétitifs, c'est horrible, les chanteurs se relaient jour et nuit pendant 9 jours. Au matin, on se permet de plaisanter avec le patron de la loge qui est musulman, on lui propose de faire une acte de sabotage en coupant des fils des haut-parleurs ce qui lui décroche un large sourire.

La nuit suivante, après une journée de montée éprouvante afin de gravir notre dernier gros obstacle avant d'atteindre la plateau indien, on voit un panneau "Hutte touristique". Tromperie ou dissimulation, c'est en réalité une base de la police, on y plantera notre tente pour passer une nuit sous haute surveillance.

Nous revoilà en Inde, les Temples Hindou s'altèrent avec les Mosquées

Le lendemain est une grandes descente qui nous attend, sifflet en bouche afin de signaler notre présence sur la route. On retrouve en fin de journée la chaleur et l'humidité de l'Inde. Nous sommes sorti des montagnes, soulagement et tristesse. Content d'avancer car notre temps sur le territoire indien est compté. Oui, triste de quitter les montagnes ou les gens sont différents, moins nombreux, les paysage : carrément époustouflants. C'est quand même difficile de se rendre compte qu'à vélo, nous avons roulé dans l'Himalaya, cela sera pour nous deux des moments inoubliables...MERCI LA VIE...



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire